SUCCESS STORY : soutenir le travail des médias en Haïti.

QUAND LA VÉRITÉ DEVIENT UNE MISSION 

Dans un paysage médiatique dominé par l'urgence, la rumeur et la circulation rapide de fausses informations, savoir reconnaitre et démasquer les fake news est essentiel. 15 journalistes haïtiens issus de médias variés ont relevé le défi en participant à une formation pour renforcer leurs compétences pour mieux traquer la désinformation.

La dynamique est née d’une initiative soutenue par la Délegation de l’Union européenne en Haiti pour contribuer au renforcement du journalisme en Haïti, une ambition qui a pour objectif de remettre le citoyen au centre de la vie démocratique. L’agence conseil a sollicité l’expertise du renommé  Centre de Formation et de Perfectionnement des Journalistes (CFPJ – France) afin de concevoir une formation à distance, sur-mesure, adaptée aux réalités haïtiennes. 

Ce programme de deux demi-journées s’est tenu en marge de la Journée internationale de la liberté de la presse, symbole fort de l’engagement en faveur de la liberté d’expression de l’Union européenne comme le rappelait  Stefano Gatto, ambassadeur de l’UE en Haiti, dans une vidéo d’introduction (lienYoutube ou site web) pour accueillir les participants. 

« Soutenir la presse, c’est défendre la démocratie, la liberté d’expression, et la dignité humaine. Ce sont des valeurs qui nous unissent et que nous continuerons de défendre, aux côtés du peuple haïtien. »  Voir la video

Un contexte haïtien à C

En Haïti, les journalistes opèrent dans un environnement où l’accès à l’information fiable est souvent compliqué. Le manque de données officielles, la méfiance envers les institutions et la prolifération des rumeurs sur les réseaux sociaux rendent la vérification particulièrement difficile… et pourtant indispensable.

« Vérifier, sourcer, contextualiser. Ce triptyque, crucial pour tout journaliste, n’en est que plus important en Haïti, où la rumeur rôde peut-être encore plus farouchement qu’ailleurs », observe Maya-Anaïs Yataghene, journaliste à France 24 et formatrice de la session.

A travers des exemples concrets et accessibles, elle a entrainé sa cohorte de journalistes sur les traces de la vérité : comment savoir si une photos reflète la réalité ? En recherchant d’abord ses méta-données ! Comment débusquer un profil frauduleux ou douteux ? En faisant des recherches avancées…

Former un journaliste, renforcer toute une rédaction !

Après deux jours de formation, les journalistes ne repartent pas seuls avec leurs nouvelles compétences. L’objectif est collectif : transmettre ces pratiques au sein même de leurs rédactions respectives. Les participants ont ainsi été encouragés à partager outils, astuces et méthodes de vérification avec leurs collègues, afin que toute la rédaction bénéficie de ce renforcement. “Cette formation m’a permis de découvrir des outils essentiels, depuis les métadonnées jusqu’aux archives web. Elle m’a donné confiance dans ma capacité à vérifier avec méthode», souligne Girovna Brice du Quotidien 509.

« Je ressens désormais le besoin de renforcer ma vigilance au quotidien dans le traitement de l’information », ajoute Hervé Noël de Rezo Nodwes.

Cette dynamique de transmission interne permet de créer des cellules informelles de fact-checking au sein des médias, d'améliorer la qualité de l’information diffusée et d’instaurer une culture de vérification systématique.

« Le fact-checking est devenu un outil de travail indispensable. Aujourd’hui plus que jamais, les journalistes doivent avoir les moyens de vérifier et revérifier ce qu’ils rapportent », insiste Richard Widmaier, PDG de Radio Télé Métropole, un média qui fête ses 50 ans et appuie sa notoriété et sa réputation sur cette valeur de vérité et de vérification.

Une communauté naissante pour l’info fiable

À l’issue de la formation, les journalistes ont décidé de rester en lien via un groupe de discussion en ligne. Cette plateforme leur permet de partager leurs expériences de terrain, poser des questions, échanger des ressources ou valider collectivement certaines vérifications. Une forme de solidarité professionnelle précieuse dans un contexte où l’isolement est parfois un obstacle à la rigueur. Pour aller plus loin, une mini-campagne de sensibilisation autour d’un label de vérification a été lancée sur les médias participants. L’objectif : faire connaître au grand public les efforts des journalistes pour lutter contre les fausses nouvelles, et valoriser la transparence des méthodes utilisées. Ce label vise à instaurer une relation de confiance avec les lecteurs, auditeurs et téléspectateurs.

Résultat : une presse plus solide, des citoyens mieux informés

Cette formation n’a pas seulement amélioré les compétences de quelques journalistes. Elle a déclenché un mouvement. Celui d’un journalisme plus rigoureux, plus collaboratif, plus transparent. Celui d’un réseau de professionnels engagés à défendre la vérité, dans un pays où l’information fiable est un bien commun vital et qu’elle permet au citoyen de mieux comprendre et connaitre ses droits.

MWEN KA AJI !